Histoire de cure ayurvédique : Helena et sa valise perdue
Des fois, les effets d’une cure ayurvédique dépassent ceux envisagés par les soins, par l’assiette ou les compléments.
Laissez-moi vous raconter l’histoire d’Helena dont la cure l’a métamorphosée à jamais.
Helena fut une des curistes que j’ai eu la joie d’accompagner dans une cure ayurvédique. C’était et c’est toujours une femme d’une beauté rare. Je me souviens qu’elle nous avait impressionné à son arrivée, à l’aéroport. Les hommes du groupe étaient restés muets. Elle était impeccablement apprêtée. Chaque détail de son apparence était soigneusement réfléchi : coiffure, maquillage, tenues élégantes, accessoires – tout en elle respirait la sophistication et le contrôle.
Lorsque nous avons atterris à Cochin, une fois les contrôles de visas effectués, chaque curiste récupéra sa valise … sauf Helena : sa valise, remplie de ses robes, de ses chaussures et de ses produits de beauté, n’était jamais arrivée. Héléna s’est décomposée et fit face à une réalité impensable pour elle : vivre sans ses vêtements soigneusement choisis et assortis, sans maquillage, sans lisseur pour cheveux… bref un enfer pour elle.
Elle s’est battue chaque jour avec la compagnie afin de savoir où était sa valise et quand elle allait la récupérer. Pendant ce temps, le groupe, touché par sa situation, se mobilisa. Chacun fouilla dans ses affaires pour lui prêter des vêtements. Mais ces vêtements n’étaient pas taillés pour Helena. Trop larges, trop serrés, trop simples. Helena, qui avait toujours eu une maîtrise parfaite de son apparence, se retrouva vêtue de robes aux coupes maladroites, de pantalons trop longs ou trop courts.
Les premières journées furent difficiles. Je la voyais mal à l’aise, remerciant et souriant avec peine à la générosité des curistes. Mais les soins ayurvédiques, le yoga, les méditations, et l’ambiance relaxante du centre opéraient cependant une transformation, non seulement sur son corps, mais aussi sur son esprit. Petit à petit, Helena, confrontée à ce qu’elle redoutait tant, commença à se détacher de l’image qu’elle avait toujours voulu projeter. Elle se rendit compte qu’elle n’en était pas moins elle.
Au fil de la cure, ses conversations, son rire, ses gestes doux et sincères prenaient peu à peu le dessus sur l’apparence extérieure qui avait longtemps défini sa relation avec le monde. Elle s’est mise à rire plus facilement de ses vêtements dépareillés. Sa peau sans maquillage commençait à rayonner naturellement, et ses cheveux laissés au naturel étaient d’une beauté authentique. La sérénité de la cure s’infiltrait dans chaque aspect de son être. Elle n’était plus la femme qui devait être parfaite en toute circonstance ; elle devenait la femme qui se découvrait sans artifices.
Ce n’est qu’à la fin du séjour, que sa valise arriva. Elle l’ouvrit, jeta un regard sur ses robes élégantes, ses accessoires bien rangés… et récupéra que le strict minimum : une robe, quelques culottes, un tee-shirt et un short. Helena n’avait plus besoin de ces choses pour se sentir heureuse. La cure ayurvédique, en plus de tous ces bienfaits, lui avait fait redécouvrir la beauté qu’elle avait oubliée, celle qui venait de l’intérieur. Elle n’avait plus besoin de son armure de perfection.
Quand nous avons quitté le centre, alors que nous marchions ensemble vers le bus, je me souviens que le groupe la regardait d’un autre œil, non pas avec l’admiration distante qui suscitait son apparence soignée, mais avec une vraie affection. Helena était devenue l’une des nôtres, non plus cette femme inatteignable mais une femme que nous avions appris à connaître autrement, dans sa vulnérabilité, sa simplicité.
Helena était libérée des attentes, des regards extérieurs, et surtout de son propre besoin de perfection. Elle repartait, légère, sereine, prête à affronter le monde avec une nouvelle forme de confiance, celle qui ne se trouve ni dans les vêtements, ni dans les apparences, mais bien en elle.